La Berjallie ! Le mythe de ces joueurs guerriers, particulièrement solides, au mental de fer. Les couleurs Ciel et Grenat, en référence au club de Premier League Aston Villa, ont brillé durant deux décennies sur le rugby français, portant l’Isère au sommet, ou presque… Ne manque au palmarès du club du Nord-Isère que le bouclier de Brennus, empêché lors de sa seule finale en 1997, par un Stade Toulousain qui enchaîna alors quatre titres consécutifs… Aujourd’hui, le club qui a offert tant d’internationaux au rugby français, Ethan Dumortier le dernier en date, est à la recherche d’un avenir professionnel, en misant sur sa pimpante jeunesse.
Les ancestrales rivalités, dans le rugby, on aime… On adore ! Le Sud-Ouest en offre son lot, l’Isère n’échappe pas à la règle. Et entre Grenoble et Bourgoin, ce fut viscéral ! D’abord parce que Bourgoin faisait partie, à l’époque, du comité du Lyonnais et non des Alpes. Egalement parce que le petit club du Nord-Isère a construit, pas à pas, une histoire qui aura finalement marquée l’ovale hexagonal.
D’ailleurs, au final, ils sont nombreux à avoir joué les transfuges entre les deux grands clubs voisins. Le premier : Dominique Mazille, demi de mêlée du FCG, qui partit au CSBJ en 1993, après le fameux « Hold Up au Parc (*). Il vient accompagné de son pote, le grand Gilbert Brunat (qui aurait tant mérité une cap tricolore), sous les ordres d’un entraîneur immense : Michel Couturas. C’est la plus belle période de l’histoire de Bourgoin. 5 finales en 1997 et 1999 (voir plus bas), dont cette fameuse défaite contre Toulouse. En 1999, l’Isère croit au rêve : Grenoble face à Montferrand, Bourgoin contre Toulouse, on veut croire à une finale 100% iséroise… Mais Toulouse vaincra finalement l’ASM…
Cette rivalité, Romain Magellan, pilier formé à Grenoble, aujourd’hui consultant sur Canal+, la relativise : « Il existait une rivalité mais dans ces années-là Grenoble marque le pas. Nous, on fait les 3 finales et Bourgoin passe devant en termes de popularité. Pour moi, à l’époque, à Grenoble il y avait un public, à Bourgoin des supporters. A Bourgoin ce sont des passionnés. Tout le monde suivait le club, un véritable engouement. Ça a drainé du monde au stade, les soirs de match tous les volets étaient fermés, tout le monde était à Pierre-Rajon ! ». Romain raconte cette période avec émotion : « Sportivement c’était dingue, on a fait des matchs de fous ! On a joué deux finales, c’étaient les plus belles années de ma carrière professionnelle. Je me souviens de la sortie des vestiaires : je tenais Martin-Cullet et Milloud, on rentrait comme des dingues ! On avait Couturas comme entraîneur, on était transcendés : t’as envie de tout donner pour tes collègues ! »
Dans les années 2000, Bourgoin tente de se professionnaliser mais ne réussit pas. Pour autant, le CSBJ aligne 46 victoires consécutives à Pierre Rajon, son antre. Le sportif est à la hauteur, le financier peine, jusqu’à craquer. 2011 marque la descente de Bourgoin en Pro D2, après 27 saisons dans l’élite. Pas de remontée immédiate, le club vacille… Finalement, il connaîtra deux liquidations en 2012 puis 2017.
A la création de la poule de Nationale, les Ciel et Grenat sont sollicités et acceptent l’invitation, raconte Henri-Guillaume Gueydan, président du club depuis mars 2018 : « Ce championnat, sportivement, a un vrai intérêt. On était dans un championnat en Fédérale 1 avec trois ou quatre équipes qui se battaient, mais il y avait un tel écart avec certains que ça n’était intéressant pour personne. Aujourd’hui, il n’y a pas un match où on va en profiter pour « faire tourner ». Ça fait 4 ans que ça n’arrive pas ! »
Né à Grenoble, il est berjallien depuis l’âge de deux ans et imprégné par le rugby : « J’ai joué au foot, mais comme tous mes copains, j’ai grandi avec le CSBJ. Il y avait une tradition à Bourgoin : on entendait les klaxons quand on gagnait ! »
Aujourd’hui, le club Ciel et Grenat est loin de son glorieux passé, mais il a l’ambition de réintégrer le monde professionnel. « Quand j’ai repris le club, explique le président, le projet était juste de sauver les meubles, avec en tête l’idée de remonter en Pro D2 dans les 10 ans. Parce que l’histoire, les infrastructures, nous font dire qu’on peut y avoir notre place. Depuis deux saisons, ça commence à porter ses fruits. On est champions de France M18 cette saison, en féminines la saison précédente, on montre que la formation est bien présente. On a eu un international U18 cette année, on essaie de redevenir ce club formateur, mais ça prend du temps ». Centre d’un territoire fort du rugby – le comité départemental de l’Isère est le 2ème de France en nombre de clubs et de licenciés -, le CSBJ mène un partenariat en équipes jeunes qui fonctionne très bien avec sept clubs voisins.
De quoi nourrir des ambitions qui passent par l’objectif qualification cette saison : « On l’a raté bêtement l’an dernier. On doit jouer des phases finales. Ça fait tellement vibrer la ville ! Et l’objectif est de remonter donc on vise les 6 premières places, idéalement les 4 pour jouer à la maison. Parce que les phases finales à Pierre-Rajon c’est très particulier. Avec Bourg et Narbonne on est dans les grosses audiences de Nationale. En 2022-23 on était à 4500 personnes de moyenne, la saison dernière un peu moins, avec un peu plus de 1600 abonnés (VIP et tribune). »
Pour démarrer sa saison, Bourgoin joue un ultime match de préparation contre Chambéry, avant d’entamer son championnat contre… Chambéry. Ensuite, premier déplacement, au Stadium Lille Métropole : « Le premier déplacement, on l’aborde avec le doute, le petit stress. L’an passé on a enchainé les deux promus aussi : comment vont être ces équipes ? On ne les connaît pas, ce sont des matchs particuliers. Il ne faut surtout pas arriver en se disant qu’elles ne sont pas au niveau. On sait que Langon et l’OMR vont être prêts. Et si on regarde les 13 équipes qui sont sur la ligne de départ, bien malin celui qui peut dire qui sera devant et qui sera derrière à la fin ! »
Stanislas Madej
Bourgoin-Jallieu en 2 mots
Isère
27 500 habitants
744 km de Marcq
Créé en 1906
Plus de 500 licenciés FFR dans toutes les catégories
Président : Henri-Guillaume Gueydan (depuis mars 2018)
Entraîneur-manager : Pascal Papé
Budget : 4,7 M€ (SAS dont CF)
Couleurs : Ciel & Grenat (couleurs d’Aston Villa)
Palmarès
1965 : champion de France 2è division (14-6 contre Beaumont de Lomagne)
1971 : champion de France 2è division (15-6 contre Pamiers)
1973 : champion de France 2è division (10-6 contre Le Creusot)
1982 : finaliste championnat de France Groupe B (défaite 16-15 contre Aire-sur-l’Adour)
1984 : champion de France Groupe B (victoire 19-12 contre Le Creusot)
1995 : demi-finaliste du championnat de France 1è division (Top 16, défaite 10-9 contre Toulouse)
1997 : finaliste championnat de France 1è division (Top 16, défaite 12-6 face à Toulouse)
1997 : finaliste coupe de France (défaite 11-13 contre Pau)
1997 : vainqueur de la Conférence Européenne (victoire 18-9 contre Castres)
1999 : demi-finaliste du championnat de France 1è division (Top 16, défaite contre Toulouse)
1999 : finaliste coupe de France (défaite 27-19 contre le Stade Français)
1999 : finaliste de la Conférence Européenne (défaite 35-16 contre Montferrand)
2003 : finaliste coupe de la Ligue (défaite contre La Rochelle)
2004 : demi-finaliste du championnat de France 1è division (Top 16, défaite contre Stade Français)
2005 : demi-finaliste du championnat de France 1è division (Top 16, défaite contre Biarritz)
2009 : finaliste du Challenge Européen (défaite 15-3 contre Northampton)
2013 : finaliste championnat de France Fédérale 1
2006 & 2007 : vainqueur coupe Frantz Reichel
Grands noms
Michel Couturas (entraîneur)
Pierre Martinet (président)
Laurent Seigne (entraîneur)
Serge Laïrle (entraîneur)
Michel Malafosse
Nigel Geany
David Morgan
Dominique Mazille
Gilbert Brunat
Alexandre Chazalet
Pierre Raschi
Laurent Leflamand
Jean Daudé
Alexandre Péclier (meilleur réalisateur du club : 1465 points)
Olivier Milloud
Pascal Papé
Julien Pierre
Florian Fritz
Yann David
Morgan Parra
Stéphane Glas
David Venditti
Cédric Desbrosse
Marc Cécillon
Lionel Nallet
Julien Bonnaire
Guillaume Boussès
Jean-François Coux
Ethan Dumortier (champion du monde U20 en 2019)
Gilles Cassagne
Mickaël Forest
Julien Frier
Jean-François Tordo
David janin
Arnaud Costes
Christophe Laussucq
Romain Magellan
Benjamin Boyet
Lyonel Vaïtanaki
Eremodo Tuni
Nemani Nadolo
Wessel Jooste
Camille Levast