21 février 2025

L’apogée de Narbonne est probablement cette incroyable décennie durant laquelle les quatre frères Spanghero se sont succédés dans le rôle de capitaine. Une période marquante, que nous raconte l’aîné des frangins, Laurent, également connu et reconnu pour son cassoulet. Il est Grand Maître de la Confrérie du Cassoulet, rôle dont il n’est pas peu fier !

« On est mal foutu on fait tous plus de 100 kg et on fait 1,83m à 1,94m ! Et mon neveu fait 2,02 ». Discuter avec un Spanghero, c’est avant tout plonger dans un univers qui fleure bon le sud de la France, avec son langage fleuri, son accent rocailleux, où l’on martyrise le « r » plus qu’on ne le roule ! Un petit bonheur auditif, comme si le soleil brûlant traversait le combiné téléphonique !

Le Spanghero en question est le frère aîné, Laurent. Son histoire est étonnante. Tout part d’en-bas pour arriver en haut. Y persiste une certaine humilité malgré une carrière impressionnante. Le papa de la fratrie est un immigré italien qui possède une ferme et qui demande à son aîné, Laurent, de laisser tomber les études pour venir l’aider aux travaux agricoles : « mon père m’a mis sur un tracteur à 10 ans. Quand je suis revenu de l’armée, il avait besoin de bras. J’ai travaillé pour lui jusqu’à mes 27 ans, puis j’ai décidé de partir ».
C’est la filière viande qui l’adopte. Elle fera de lui un industriel qui a l’idée simple de vendre le véritable cassoulet de Castelnaudary. Parti seul, il mène 500 salariés en 2000, produisant 7000 tonnes de cassoulet par an !

« Le cassoulet, c’est certainement le plat cuisiné le plus consommé avec les raviolis.
Relativement facile à préparer, complet. Il faut le manger à plusieurs. On le sert dans une terrine en terre qu’on partage. C’est un plat emblématique qui mérite d’être encore plus développé ! Je suis devenu Grand maître de la confrérie du cassoulet, c’est un titre honorifique. On y fait en permanence des opérations de promotion. Par exemple, le 8 mars, on va à Paris introniser des grands cuisiniers. Et on compte introniser Florian Grill dès qu’il sera disponible ! »

Bien rassasié, on peut maintenant évoquer le rugby. Laurent jouait en Régionale à Bram, commune de l’Aude entre Carcassonne et Castelnaudary. Au vu de son gabarit, il joue 2e ligne. Quand à 18 ans il est enrôlé pour partir à l’armée en Algérie, c’est son frère Walter qui le remplace dans le pack. « Lors d’un match, des dirigeants de Narbonne ont remarqué ce grand blond qui jouait bien au rugby. Walter a commencé à jouer à Narbonne en junior à l’âge de 18 ans. Et quand je suis rentré d’Algérie, il a parlé de moi aux dirigeants qui sont venus me chercher. Je ne pensais pas jouer en Nationale, alors j’ai signé pour jouer à Narbonne en Réserve. J’avais 22 ans. Puis en championnat, on reçoit alors Mont-de-Marsan.
Dans l’équipe, il y avait les Boniface, Darrouy… On avait été balayé. Là, l’entraîneur vient me voir et me demande de venir m’entraîner avec la Première le mercredi suivant. Et le dimanche suivant, je rentre en 2e ligne. C’est le 29 septembre 1962. Mon premier match en 1e à Narbonne. On bat Toulon à Mayol. Et je n’ai plus quitté l’équipe ».

Laurent prend plaisir à conter l’épopée familiale. Celle de Walter également : « Mon frère lui a joué en juniors puis il a fait le bataillon de Joinville. Comme il avait du potentiel et qu’il était sérieux, il a lui aussi progressé. Et un jour, l’équipe de France vient jouer contre le bataillon avant de partir en Afrique du Sud. Et Jean Prat, l’entraîneur, se dit « ce type il faut que je le prenne ». Huit jours avant le départ, Walter est appelé et fait la tournée. Il a 21 ans. Et là, il est devenu le chouchou des français».

« Narbonne a été, de 1964 et la demi-finale contre Pau, jusqu’en 1974 et la finale contre Béziers, l’une des 3 ou 4 meilleures équipes du championnat de France. Celle qui faisait la plus grosse recette à l’extérieur de l’année. C’était un peu le Stade toulousain d’aujourd’hui en termes de notoriété. En 1964 j’ai été nommé capitaine, pendant 2 ans, puis après c’est Walter puis Claude qui ont été capitaines : pendant 15 saisons les Spanghero ont toujours été capitaines de Narbonne… »

Par chance, samedi 22 février, au Stadium Lille Métropole, il n’y aura pas de Spanghero sur le terrain ! Ni de « Petit Prince », autre gloire narbonnaise des années 80, Didier Codorniou, avec ses crochets, ses « cad’déd » de grande classe ! Mais les Audois savent qu’ils sont les héritiers de très grands joueurs, de quoi prendre une force supérieure, un petit supplément d’âme…

Stanislas Madej

Les quatre frères Spanghero : Laurent, Walter, Jean-Marie, Claude

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